En créant sa Maison à Paris en 1969, Emmanuelle Khanh a la vision d’un monde en mouvement : le corps des femmes se libère, la mode se démocratise, la jeunesse prend conscience de sa force. A l’avant-garde de ces mutations, celle qui était alors mannequin, révolutionne le prêt-à-porter féminin ; puis, à partir de 1971, l’accessoire, en créant une ligne de lunettes aux volumes hors-normes. Emmanuelle Khanh va imposer sa propre vision du futur.
Emmanuelle Khanh, naît Renée Mazière, le 12 septembre 1937 à Paris.
À 17 ans, la jeune Emmanuelle Khanh débute une carrière mannequin pour la Haute Couture, et fréquente les grands de la mode, Balenciaga, Givenchy.
Elle épouse Quasar Khanh, designer, ingénieur, inventeur et artiste qui révolutionnera le mobilier des années 60 et 70 en inventant des matériaux innovants, et deviendra mondialement célèbre pour ses créations en vinyle gonflable.
Au début des années 60, elle se tourne vers le stylisme. Elle saisit une époque en pleine mutation : le corps des femmes se libère, la mode se démocratise, la jeunesse prend conscience de sa force. Visionnaire, elle imagine un vestiaire pour les femmes modernes, libres et actives désirant s’émanciper des carcans sociaux encore rigides. Elle est la toute première femme à dessiner des modèles pour la rubrique Créateur du catalogue La Redoute. Hélène Lazareff, co-fondatrice et directrice du magazine Elle, la remarque et lui consacre ses premiers éditos. Maïmé Arnodin, papesse du prêt-à-porter, lui achète ses premiers dessins et lui offre une position de styliste chez ID (Isidore Dumail), alors à l’avant-garde de toutes les tendances. Elle collabore ensuite avec les marques montantes de l’époque, Cacharel ou Missoni.
Emmanuelle Khanh lance sa marque éponyme de prêt-à-porter féminin. Convaincue que la mode doit dépasser les frontières des salons parisiens de la Haute Couture, elle veut libérer les formes et les matières et faire descendre la mode dans la rue. Elle révolutionne la mode de son temps : à travers les formes, qui offrent aux femmes une aisance de mouvement qu’elles ne trouvaient nul par ailleurs ; à travers les matières utilisées, comme le jean ou le plastique. Inspirée par son époux, le designer Quasar Khanh, elle réinvente le matériau pour l’habillement. Ces innovations, alliées à la maille et la broderie, définissent un vestiaire unique. Le succès est immédiat.
Emmanuelle Khanh lance sa première collection de lunettes. Pour cela, elle s’associe à Henri Guillet et aux meilleurs ateliers d’Oyonnax, dans le Jura, et imagine une gamme de montures marquées, volumineuses, aux lignes franches, immédiatement iconiques. Avec Emmanuelle Khanh, les lunettes deviennent un accessoire de mode à part entière, la signature d’un style audacieux, à la fois excentrique et élégant. Le savoir-faire traditionnel est d’emblée au cœur de la fabrication des montures. La créatrice n’aura de cesse de rendre hommage à l’artisanat lunetier, en intégrant à ses créations toutes les audaces possibles : strass, émaux, décorations en métal incrustées, gravures, fourrures ou peaux.
La créatrice participe activement à la fondation de la Chambre syndicale des Couturiers et des Créateurs de mode, dans le cadre de Fédération Française de la Couture. Le groupe des Créateurs de mode se situe entre la Haute Couture, exclusive et réservée à une élite fortunée, et le Prêt-à-porter, orienté vers de larges diffusions. Emmanuelle Khanh milite pour une mode signée, haut-de-gamme, des pièces de qualités accessibles à une nouvelle bourgeoisie aux conceptions sociales modernes.
Emmanuelle Khanh ouvre sa première boutique rive gauche, au 2 rue de Tournon, dans le 6ème arrondissement de Paris. Au prêt-à-porter et aux lunettes s’ajoute une ligne de bijoux, inspirée de motifs végétaux et explorant encore de nouvelles matières, comme la céramique. Viennent ensuite d’autres accessoires – chapeaux, gants et sacs – qui définissent une silhouette complète.
Emmanuelle Khanh est décorée Chevalier des Arts et des Lettres.
Débordante d’inspiration, la Maison s’éteint pourtant petit-à-petit et cesse ses activités. Son esprit survivra à travers les amoureux du style Emmanuelle Khanh, jusqu’à la renaissance prochaine de la marque.
La relance des lunettes, accessoires indispensables du vestiaire féminin et emblématiques du style de la créatrice, signe le retour officiel de la griffe Emmanuelle Khanh. La collection Héritage, empreinte du style historique, reprend alors vie. Les modèles les plus iconiques sont réédités, de nouveau fabriqués dans les ateliers du Jura avec qui collaborait Madame Khanh.
Eva Gaumé fait son entrée au sein de la Maison Emmanuelle Khanh et devient Directrice Artistique et de l’Image. Elle puise son inspiration auprès des femmes d’aujourd’hui. Avec l’exigence d’un travail de qualité et riche d’un patrimoine exceptionnel, elle écrit l’histoire de la Maison au présent. Elle dessine à Paris les collections de la griffe en oscillant entre tradition et modernité, dans le respect de l’artisanat et des traditions chères à la fondatrice.
“ Au-delà du style et des montures aux cadres épais devenues cultes, c’est ce caractère, libre et féministe par instinct, qui guide aujourd’hui ma création. La créatrice m’a transmis sa générosité piquante et joyeuse, son amour pour les femmes, leur corps et leur vie, leur besoin d’exister, pour se raconter, s'affirmer, exister dans son propre regard comme dans celui des autres. “ — Eva Gaumé
Eva pérennise la vision esthétique de Madame Khanh et ses fameuses montures démesurées. Solaires et optiques sont oversize ou extra-fines, sombres ou lumineuses, en acétate ou même en titane. Elles demeurent l’étendard des femmes actives, émancipées et joyeuses, mais aussi des hommes pour qui elle conçoit une ligne masculine maîtrisée, où confort et qualité se marient à merveille avec l’élégance et la force.
À l’hiver, Madame Khanh décède à Paris. Après avoir révolutionné la mode féminine et le monde du prêt-à-porter, elle lègue aux générations futures bien plus qu’un style, un état d’esprit militant et audacieux et la volonté de concilier l’élégance et la force des femmes.
Pour le printemps, la Maison affirme sa dimension mode avec le lancement d’une ligne de chaînettes bijoux, et remet aux goûts du jour un accessoire alors désuet. Ce nouveau vestiaire allie l’acrylique, une matière esthétiquement proche de l’acétate mais beaucoup plus légère, au métal doré à l’or fin. Reprenant les codes iconiques de ses collections de lunettes, Emmanuelle Khanh propose une nouvelle vision de la chaîne eyewear : précieuse, audacieuse, élégante. Imaginées comme des bijoux de visages, elles peuvent se transformer en colliers, pour une mode ludique et joyeuse.
Emmanuelle Khanh célèbre ses 50 ans de création avec style. Pour l’occasion, la Maison invente son monogramme, un motif graphique et élégant, dessiné en collaboration avec le studio de design Dreams Office. C’est une signature nouvelle, incontestablement mode, une volonté de continuer à créer un vocabulaire nouveau, tout en rendant hommage à la dimension griffe de la Maison.
À l’automne, Emmanuelle Khanh présente sa première collection de lunettes masculines. Eva Gaumé imagine un homme fort, élégant, sensible. Les montures sont sculptés dans de l’acétate d’un centimètre d’épaisseur, des jeux de biseaux affinent la silhouette et reflètent la lumière. Une collection racée, à la fois classique et audacieuse. Avec l’invention de cet alter-ego masculin de la Femme Emmanuelle Khanh, le couple se dessine, se complète, s’invite mutuellement à partager leurs vestiaires.